COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA DANSE EN AFRIQUE : "DE LA TRADITION ORALE A LA SCÈNE"
"DANSE, THEATRE OU MUSIQUE : LES ARTS ASSOCIES"
COMMUNICATION DE MONSIEUR Ayaminé ANGUILLET (GABON)
CHERCHEUR, PROFESSEUR
"... Je voudrais vous parler de la danse, non pas en tant que spécialiste de la Scène ou des Arts du spectacle mais dans une vision qui, je l'espère, sera beaucoup plus anthropologique.
J'ai intitulé ma communication "la Danse, un Art au Pluriel". Elle va s'articuler autour de la parole de tous les différents registres de la danse, autour de la tenue et autour de l'espace ou des espaces; enfin j'essayerai de faire rapidement allusion aux Arts Plastiques, et je prendrai les danses Mekôm, Essana et Ivanga pour illustrer mon propos.
Pourquoi situer le point de départ par la parole: nous savons que toutes les civilisations africaines, les cultures africaines, et leur mode d'être sont essentiellement oral ; d'où le thème du Colloque.
La réflexion que j'ai menée autour de la parole m'a amené à une conclusion que d'autres ont tiré certainement avant moi: quand on parle de tradition orale, on parle de1a parole, mais d'une parole codifiée.
Ainsi, la tradition orale se présenterait comme une structure fondamentale de la parole, et cette tradition orale va être aussi diversifiée que l'expérience qu'elle rend.
En effet, les sociétés que j'appelle "civilisations de la parole" ont une expression juridique, religieuse, etc.. qui s'exprime par la parole. Cette parole va prendre diverses formes, soit la forme de contes, de fables, de devinettes, d'épopées, de chants, de musiques, de rites mais également de danses.
Dans le cas d'espèce, la danse se révèle être une forme particulière, une structure particulière de la parole, qui codifie la parole ; elle se trouve donc en même temps parole et geste, le geste étant dans nos sociétés également une parole.
Dans cette structure la danse est diversifiée, et sans être trop rigoureux, on peut en dresser une typologie : Au Gabon, pour ne prendre que cet exemple, dans toutes les ethnies, on danse pour des activités économiques, on danse pour l'amour et aussi pour la mort.
Il ya des danses que l'on appellera profanes, profanes dans le sens où le sacré a déjà perdu de sa force; effectivement lorsque le sacré devient obsolète, on tombe dans le profane.
D'autre part, celles qui nous intéressent ici et que j'appellerai les danses s acrées, sont essentiellement de deux ordres, permettant le contact entre l'homme et le cosmos.
Dans ces danses, on distingue les danses thérapeutiques et les danses d'initiation, les deux renvoyant toujours à un rapport cosmo-humain.
Au niveau de cette danse, de cette danse sacrée, interviennent la tenue et le corps. La préparation du danseur, c'est ce qu'il va porter ou bien ce qu'il ne va pas porter, car il faut se rappeler qu'en Afrique, le manque de tenue est déjà une tenue de danse, dans des situations particulières.
Comme illustration, je me référerai à la danse Essana (chez les Fangs) qui, en évoluant, arrive à un stade qu'on appelle Afône et qui consiste en ce que le danseur principal, lors de la dernière danse qui clôture la cérémonie, enlève tous ses habits et se met à danser nu, bravant tous les autres tabous qui pouvaient exister.
Cette pratique existe en bien d'autres lieux et je ne citerai que la Bible, où est décrit le Roi David, en extase, dansant nu devant ses serviteurs.
L'autre aspect de la tenue est que, de façon générale dans les danses classiques, car je considère les danses traditionnelles comme les danses classiques africaines, le corps est vêtu de vêtements qui sont faits de fibres de peaux, de plumes, avec les maquillages composés de fards, huiles, onguents, poudres...
Tout cela constitue un costume qui a une signification par rapport au spectacle présenté car, une jeune femme aux seins nus badigeonnés d'huile de palme rouge dans une atmosphère clair-obscur, avec des reflets de torches de résine d'Okoumé par, exemple, offre un spectacle autrement féerique que celui donné par des projecteurs.
Rappelons nous donc que les éléments qui servent aux tenues ne sont pas des éléments gratuits, car dans les danses initiatiques et thérapeutiques, c'est la rencontre entre l'au-delà et ici bas qui est visée, bien que ces deux aspects ne soient pas antinomiques, et comme je vous le disais ce matin, nous passons du profane au sacré sans transition par les éléments constitutifs de la personne humaine.
La tenue nous amène directement à parler du corps, et je dirais que de tous les Arts, le corps est le premier espace et la matière première fondamentale.
En effet, le premier espace dans lequel évolue le danseur est son propre corps; le corps est un espace qui est organisé avant la danse par: l'abstinence sexuelle, une diététique appropriée, les ablutions, les maquillages ... tout élément qui vise à soulager des lourdeurs ontologiques le corps humain, pour réveiller le spirituel, les éléments subtils.
Tous les accessoires végétaux, animaux ou même minéraux tels les plumes, les peaux, etc… vont avoir des positions spécifiques qui déterminent une hiérarchie dans le parangon spécifique des initiés: c'est ce qui nous a amené à parler du corps en terme d'espace.
Cet espace corps va évoluer dans un espace géographique qui, concernant ici la danse, aura un contenu anthropologique.
Le contenu anthropologique de l'espace concerne l'aire de la danse dans lequel on ne rentre, ni ne se place n'importe comment; l'aire de danse est occupée dans un ordre bien déterminé: les musiciens ont leurs places, les initiés, les non initiés, le public ... ont les leurs.
Je résumerai cet espace en disant que, tout espace organisé en Afrique et singulièrement au Gabon, est à l'image du corps. Toute démarche se référant à des connaissances en vise de nouvelles et toute démarche initiatique est un parcours sur soi-même...
Et maintenant, pour revenir sommairement sur le thème de mon prédécesseur, qui est l'introduction des marionnettes et du masque dans la danse, je citerai ce dicton qui dit qu'en Afrique le danseur qui porte un masque n'est pas un homme, parce que le masque tue en même temps qu'il donne la vie.
Donc pour que vous soyez en mesure de porter un masque, il faudrait que vous participiez aux principes fondamentaux qui en régissent le mode de connaissance; car le masque est un produit de la connaissance en même temps qu'il en constitue une structure: c'est un peu comme un objet magique dans les contes.
A ce niveau, le masque est porté non pas par un homme mais par un esprit. Il ne faut pas le voir ici en tant qu'élément matériel, mais comme une charge énergétique qui abolit l'homme. Celui qui porte le masque n'est plus un homme; il a intégré et intériorisé les éléments fondamentaux qui font du masque un objet magique, un objet de puissance.
Nous avons aussi l'exemple de la danse Mekôm déjà présentée ici par le Professeur NANG EYI et qui évolue aussi bien dans l'espace et dans le temps.
Cette danse est hiérarchisée en cinq étapes fondamentales qui montent en échelle de valeur, et dont la plus grande, c'est-à-dire Akôm, renvoie à un univers initiatique, ésotérique.
En conclusion, je vous parlerai d'Ivanga, une danse de femmes chez les Omiénés et qui permet à la femme de s'affirmer, justement de se libérer.
Elle pourrait même être définie comme une Constitution, au sens politique du terme, qui est un idéal de société. En tant qu'idéal de société, c'est donc quand tout est conforme à l'Ivanga que tout va bien.
Or l'Ivanga produit dans une société matrilinéaire renvoie à toutes les configurations d'autorité et de pouvoir au sein d'un régime matriarcal; mais, n'ayant pas fondamentalement un pouvoir centralisé.
Je fais appel à l'Ivanga pour montrer la multiplicité de la danse, qui ne peut pas être définie comme on le ferait d'un dénominateur commun; en effet, dans la danse, il y a des moments où l'aspect musique prédomine, puis, c'est le chant qui prédomine, le geste...
Donc, pour nous, la danse est un Ari pluriel, et dans le sens de l'Ivanga, elle nous démontre que le droit procède des hommes mais également des Génies. Il y a donc deux aspects fondamentaux de droit dans les sociétés africaines, qui sont ici mimées.
L'lvanga met en scène des préoccupations d'ordre juridique mais encore montre la matérialisation d'un mythe qui a été révélé par le rêve à un Chef, qui l'a formalisé dans Ivanga. Ici le mythe d'origine est joué sur scène.
C'est pour cette raison que nous ne pensons pas devoir considérer la danse comme un élément unidimensionnel, tout y est codé. Si un animal y est représenté, c'est que l'homme a capté ses principes actifs, ses sens dynamiques, connaît les lois de fonctionnement qui le régissent, et cela nous renvoie non pas seulement à la cosmogonie, mais également à la cosmologie dans la mesure où est posé le problème de l'interaction des relations de cause à effet et d'analogie de l'homme quand il rentre en contact avec la nature.
Il le fait de deux manières : ce que j'appelle le rapport endocentrique et le rapport excentrique, ou le rapport homogène et le rapport hétérogène.
Dans ce sens, l'Ivanga se dansait après les guerres ou après chaque catastrophe naturelle telles que les épidémies ou les inondations . . . pour purifier, pour tout oublier.
Elle consiste donc à réparer le désordre, reconstituer ce qui a été bouleversé par le chaos, et réaménager l'univers; Univers qui nous renvoie nécessairement à un rapport où l'énergie est au centre et où la préoccupation essentielle de l'homme est sa quête perpétuelle de la connaissance.
RÔLE DE LA DANSE SACRÉE DANS LA THÉRAPIE INITIATIQUE BWITISTE
Séminaire International : Danse, Guérison et le Sacré en Afrique
Mme Francine Yveline Nnoh Conférencière Internationale en matière d'Iboga et de Bwiti
Introduction
Au regard de l'extension de la dimension culturelle du développement de l'humanité, le Festival International de la Danse (FIDA) et le CID-UNESCO ont initié une nouvelle vision de la culture à base d'une série de séminaires et de colloques. Il nous a donc été demandé d'analyser les aspects régénérateurs de la danse africaine dans sa fonction thérapeutique et dont les arcanes relèvent du sacré.
Ainsi, nous avons choisi le thème «Le Rôle de la Danse Sacrée dans la Thérapie Initiatique Bwitiste» . Et s'il est un des traits qui caractérise la conscience bwitiste à l'aube du 3ème millénaire, au moment où s'interroge la Conscience Universelle sur le sort de l'homme et de l'humanité, c’est bien la quête perpétuelle de la naissance, de la vie, de la mort- de la connaissance de soi et de l'autre, de la cosmogonie, de Dieu et de ses mystères. Mais avant d'aborder notre thème qui est de nature multidimensionnelle, il serait bon que l'on s'attarde d'abord sur l'asphyxie culturelle que les peuples africains ont connue au cours de leur existence. Car, en tant que précurseur de la modernité, l'expérience coloniale a, parmi d'autres, milité contre la communication verbale comme expression de la culture africaines vivante et dont fait partie la pratique médicale traditionnelle. N'était-ce pas là une façon de freiner l'évolution de l’Afrique ?
Soulignons que l'Afrique, même après les indépendances, est restée traumatisée et embrigadée par une colonisation qui, en s’imposant à elle par l'iconoclasme a nié toutes ses valeurs culturelles. Ce qui a d’emblée limité ce mémoire historique, géographique, culturelle et spirituelle. En effet il nous revient de revigorer ou de remuer ce mémoire ; de la placer à une échelle universelle en redéfinissant notre histoire et en nous affirmant dans nos cultures afin de revaloriser ce qui avait été rejeté et détruit par les civilisations dites supérieures (sic)
Dans ce processus de quête perpétuelle de la recherche de notre identité culturelle il est donc vital et essentiel pour l'homme de se redécouvrir dans sa totalité. Pour cela il lui faut réintroduire et réinsérer ses valeurs ancestrales dans toute la globalité de son être, de son existence et de son environnement. L'un des aspects de cette découverte est l'initiation au bwiti avec l'Iboga où la mort devient comme fin et moyen d'aller véritablement au-delà du paraître pour pénétrer la vérité de l'être. C'est à ce moment qu'intervient la danse du bwiti : l'être humain cherche davantage à transcender la mort et les mystères de la vie. Il faut donc danser ; et danser devient dans ce sens une guérison, une philosophie, un désir inavoué d'affirmation où se complète et s'équilibre la subtile relation qui existe entre la substance et l'essence, les phénomènes et les noumènes, ce qui conduit à la connaissance de la vraie sagesse.
Et notons d'abord que la sagesse de l'Iboga n'soit pas de ce siècle : c'est la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée. Dieu l’a peut-être destinée pour notre gloire. Il nous révèle cette sagesse par l'Iboga car l'Iboga sonde les profondeurs de l'âme et de Dieu. Elle nous fait découvrir l'Esprit de Vérité afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données. Nous ne pouvons pas recevoir cette sagesse dans un état naturel mais plutôt dans un état spirituel et c'est cet état spirituel qui nous permet de parler de la danse sacrée comme thérapie.
Avant d'aborder notre thème nous nous poserons les questions ci-après :
- Qu'est-ce que la danse initiatique bwitiste et sur quels éléments s appuie-t-elle ?
- Est-elle une danse curative ?
- Quelle est sa fonction dans le bwiti et que procure-t-elle à l’homme ?
- Quelle philosophie s’en dégage ?
- La danse du chat de la harpe sacrée
Qu'est-ce que la danse initiatique bwitiste et sur quels éléments s’appuie-t-elle ?
Parler de la danse initiatique bwitiste comme thérapie dans la psychopathologie africaine, revient à aborder les différents aspects phénoménologiques de l'état de conscience de l'homme au cours du rite initiatique. Nous parlerons de cet état de bien être dans le domaine de la danse initiatique bwitiste mêlée au son de la Harpe sacrée, du Mugongo, des tambours Tam-tam et des incantations suivies de la danse.
De cette danse sacrée se dégage toute la problématique de l'existence humaine car à travers elle, on n’appréhende pas seulement le mouvement simple du corps physique mais la profondeur du geste de l'âme. La danse initiatique est une danse mystique qui s'exécute selon plusieurs formes sous la rigueur flexible du corps. Le geste, d'une insistance obsessionnelle, traduit en même temps la quiétude et la sérénité, soit en compagnie du chant sacré vocal, soit en compagnie de l’instant instrumental ou d'autres éléments (tambours-mbein ou ngom hochets-soki'ét l'obàka-sorte de bois Ion rarement sculpté accompagné de 4 bâtonnets) etc. Ainsi, avec l’eurythmie de toute cette batterie initiatique on trouve à la fois le mouvement de la création de l’humanité, le mouvement de la naissance, le mouvement de la mort, le mouvement de la résurrection, le mouvement de la vie, en un mot le pas mythique. La danse Bwitiste est un itinéraire spirituel par lequel l’être humain dans sa fusion avec l’âme recherche constamment l’état spirituel suprême qui amène à la béatitude qui est le plus haut point de la guérison.
Est-elle une danse curative ?
La danse initiatique bwitiste exige un certain échelonnement de dispositions psycho-spirituelles exprimant en même temps la souffrance, la peur, la mort la naissance, la vie, la recherche de l'immortalité. Le chant réincarnateur, celui qui vous amène dans votre antériorité pour vous révéler votre véritable nature, celle qui ne se perd jamais, qui reste en filigrane et vous guérit de votre ignorance dans les espèces générées du temps de votre existence et de celui de l'humanité. Il y a une certaine libération de l'âme de l'homme et de l'Ame de l'humanité et c'est ainsi que s'accomplira le destin dans la rencontre avec la vérité non réfractée celle qui est Supérieure à toute vérité ; l'Origine sans forme de toutes les origines, le Néant qui cependant est Tout.
La danse initiatique s'accompagne donc d'un grand nombre de connotations ésotériques qui s'expriment dans une thématique variée. Il faut par le rythme et la cadence de toute la batterie initiatique, arriver à s'exiler, et « Extraire la beauté du mal » pour parler comme Baudelaire c'est-à-dire sortir du corps physique pour faire vibrer l'être spirituel dans le but de guérir d'un mal physique ou spirituel.
Parler de la danse initiatique c'est aussi parler de la transe positive où le corps de l'homme subit avec aisance et amour certaines vibrations et mouvements recommandés par l'esprit. Dans cet état de choses, l'être vit une certaine globalité de son être. Son but : celui de la guérison du corps et de l'âme. C'est l’instant de vérité et d'union. Le corps est soumis à une grande purification pour se fondre dans le Grand esprit, l'union de l'être atome avec l’être sublimé.
En fait, ce n'est plus l'être physique qui danse comme dans la rumba, ou la pachanga, pop, folk et autres, mais c’est votre ego qui fait vibrer l’être physique. A ce moment donc naît une sorte d’équilibre psychophysiologique et c’est cela qui permet au banzi (initié) d’exécuter toutes sortes de danse, toutes sortes de pas, sans heurter ni tomber avec une dextérité d’orfèvre, ex. : l’Obango, les danseurs de Vickos Ekondo, les danseuses de l’Elomba avec les batteurs de tambours. L’esprit rentre en conformité et en harmonie avec le corps par l’élément gestuel.
Dans cette forme de thérapie, nous ne pouvons parler de danse de guérison sans parler du chant de la harpe sacrée, catalysatrice de la danse initiatique bwitiste se déroulant évidemment au cours d’une séance de manducation de l’Iboga. La danse bwitiste est une danse de rite qui passe par une approche multidimensionnelle. Le patient est substitué à un conditionnement physique et spirituel, ce qui permettrait au guérisseur de l’ouvrir au monde supra sensoriel, afin qu’il se connaisse et qu’il saisisse la portée du chant de la harpe et de ses instruments d’accompagnement suivi d’invocations. Pendant l’initiation tout cela se passe en trois phases : le chant vocal, les instruments et la réaction du patient suite à cette eurythmie dans l’application du rite de passage qui est le point du départ, la transition le voyage et le point final, la réconciliation du corps avec l’esprit, d’où guérison.
Quel est sa fonction dans le bwiti et que procure-t-elle à l’homme ?
La danse bwitiste a pour fonction de réguler les sensibilités du corps et de l’esprit pour vivre et créer une harmonie. En dansant et en esquissant des pas au son de l’eurythmie de la batterie initiatique, l’être s’exile de son corps physique. Il s’auto visionne et reste dans une sorte d’abstraction physique. La danse, dans ce sens, apprend à vivre, à apprendre, à comprendre, à se transcender au niveau de « l’être » et non de « l’avoir », à s’auto-découvrir, à s’auto-critiquer, et à s’auto discipliner pour revêtir le manteau de l’homme nouveau en se dépouillant du vieil homme. Chaque pas esquisse, chaque geste devient un langage, une expression une manière de traverser le temps et de s’y fondre pour une finalité cognitive et thérapeutique.
La cadence de la danse bwitiste est dynamique, et cette cadence induit les gestes d’évacuation ou de libération et les gestes d’intégration ou d’harmonie. Ces mouvements réactivent l’esprit qui, partant du point de départ (gestes d’évacuation) passant par l’initiation (transition) aboutissent au point final (gestes d’intégration ou d’approbation) créant une harmonie perpétuelle de l’âme et de l’esprit. On peut alors parler de guérison.
Le chant de la Harpe Sacrée dans la danse bwitiste
Dieu est l’émanation de Tout. Il est un Tout dans Tout, se révélant dans son omniscience, dans son omniprésence et son omnipotence. Et si l'on y croit fortement, il nous est possible de comprendre la puissance de la Harpe sacrée.
En effet, la problématique de la harpe sacrée a souvent été un sujet énigmatique dans la conception humaine : soit par refus de comprendre ou de connaître, soit par ignorance totale. L'existence ou l'acceptation de la harpe comme instrument de sanctification est un sujet qui semble opaque, à cause de sa subtilité, de sa sensibilité spirituelle, de sa nature éthérique et fluidique. La Harpe Sacrée est par définition un instrument de guérison par excellence, et de son chant se dégage la danse sacrée ou de guérison. La quintessence de la harpe sacrée peut paraître de nos jours comme une pierre philosophale, une énigme, dont les hommes qui ne comprennent rien et ne cherchent pas a comprendre ont préféré en faire du philistinisme.
Le chant de la harpe est une musique kaléidoscopique, riche en sons, notes, symphonies et mélodies. Dans ces notes, ces sons se trouvent l'exodus et l'équinoxe spirituel de l'univers qui, très souvent, entraînent l’être dans les profondeurs des domaines de la création, du mysticisme et du mythique. C'est ainsi que l’être malade, dans cette admiration parvient à oublier son mal et à le détruire. Et c’est dans ce sens que le chant de la harpe sacrée est thérapeutique car son chant unit les sensibilités les plus fines du corps aux sensibilités les plus fines de l’esprit, procurant une véritable harmonie guérissante.
Ce n’est pas un simple instrument de musique : c’est un instrument de valeur spirituelle quintessenciée. Nous avons pensé qu’il serait judicieux et opportun de pouvoir rendre audible et crédible la mystique du chant sacré et de la danse sacrée de la harpe. Ceci dit, le chant de la harpe n’est pas un chant vain, car si déjà les chants folkloriques font émulsion dans l’esprit de l’homme, serait-il pour le chant de la harpe sacrée, qui instruit, élève et édifie l’être qui l’écoute. Il stimule la pensée et remue le champ cosmique de la sagesse divine partant ainsi du microcosme physique au microcosme spirituel. Ce son sacré, mêlé aux notes stellaires revêt une symphonie et une mélodie divines qui sont d’une captivité très remarquable, appréhendant les sensibilités de la nature fluidique de toute chose, de toute substance. C’est donc ce chant qui guérit, soigne, en harmonie avec l’Iboga et les principes bwitistes.
Le son de la harpe sacrée permet à l’homme de se réconcilier et de vivre en harmonie aveclui-même. Il régule, sans que le néophyte le sache, l’activité de tous les éléments cosmiques et cosmogoniques. La symbolique de la danse est très essentielle dans le rite bwitiste et on ne peut parler de bwiti sans parler de danse. Ces sons émis par la harpe et qui font vibrer notre énergie ont en eux la magie de la guérison. C’est ainsi que se passe le film de notre vie (négatif ou positif) et celui du mystère de la création.
Sa mélodie est une puissance divine qui s’imprègne dans toute la nature atteignant en une fraction de seconde le magma et l’écorce terrestre pour atteindre l’abîme et rejaillir sur l’écoumène afin de pénétrer l’air, l’eau, le feu, la terre et les plantes qui sont les éléments moteurs du cosmos, atteindre leur quintessence, et les faire vibrer dans le but de louer Dieu (conf. Bible Psaume 150, doxologie finale).
Pour que ces sons fassent vibrer vos membres, il faut nécessairement passer par une initiation dans un des rites bwitistes où se fera une communion parfaite du corps et de l’esprit. Ce mécanisme ou cette phénoménologie, commence par un nettoyage systématique de votre inconscient et de votre subconscient après manducation. De ce fait votre corps et votre âme ne peuvent s’accorder en cette danse magique et curative que si votre esprit est libéré pour peser moins d’un gramme. Et dans cette forme de danse-transe on vit l’extériorisation de la pureté car la pureté rend le corps flexible, une certaine exultation se dégage de vous et suscite une exaltation totale similaire à la guérison et la beauté du geste inspirée dans toute sa dimension du sacré par l’esprit au cours de la danse initiatique. Cette danse est donc sacrée en dehors de son aspect magique et révélateur, car, si au cours de la manducation de l’Iboga on rentre en contact avec les plans divins, c’est justement à cause de cette symbiose de chants, de danses, de sons, de paroles.… qui se passent dans l’homme. Chaque geste a un sens et chaque sens a son geste. Dans un aspect thérapeutique, il faut tuer le mal, l’écraser, le refouler, s’en dessaisir à l’exemple du Gospel et du Jazz qui ont été des musiques d’évasion de l’âme au cours de la traite des Noirs aux Etats-Unis.
L’évocation de certains chants initiatiques amène l’homme à se repentir. Le repentir est, dans le cadre de la métaphysique africaine, la première étape de la guérison. C’est avec elle qu’il se débarrassera de ses scories et de ses fautes, ex. ma dzoba ne minsem miam : genre de mea culpa considéré en initiation comme le premier chant pour accéder à la guérison avant manducation, et avant d’avoir pris contact avec le monde spirituel. Même si le patient n’avait ni la force ni le courage ni l’idée de le faire, rien qu’en écoutant ce chant il vous emporte de façon psychosomatique dans le film négatif de votre vie passée, présente et à venir. Ce chant provoque en vous un sorte d’auto-psychanalyse un peu comme la théorie de Sigmund Freud qui, mettant le patient sur le divan l’accablait de questions pour remuer son subconscient afin de le libérer (méthode d’ailleurs très appréciée par la science initiatique). C’est d’ailleurs par cette méthode qu’on peut faire une synergie entre la psychanalyse et la manducation de l’Iboga. Le chant « ma dzoba ne minsem miant » fait connaître au patient tout en dansant, la dimension paramétrique de ses péchés et c’est à ce moment qu’il les regrette amèrement.
De la philosophie de la danse sacrée
La philosophie est la base de toute spiritualité puisqu’il faut nécessairement passer par des méditations. La curiosité en matière philosophique et mystico-spirituelle peut se justifier par la connaissance de soi et de Dieu dans la vérité. Cette quête de connaissance fait naître en nous la curiosité qui est le désir de connaître les choses. Elle se manifeste au-dedans et autour de notre espace vital dans un contexte environnemental dans lequel l'homme doit pour accéder au salut, abolir son moi, le dissoudre dans le Tout pour une destination vers la guérison éternelle. Nous allons donc affirmer pour ainsi dire que la danse du sacré est une sorte de dialectique entre le fini et l’infini. La spiritualité étant un aspect de la culture, l’on peut dire que l’Iboga est le pôle autour duquel tournent toutes les étoiles de la constellation de la science spirituelle au niveau du monde.
Après la manducation naît une sorte de joie déterminée par une fin intrinsèque et essentielle pour la vie de l'initié. L'âme de l'homme rentre dans une sorte d'émerveillement qu'on peut qualifier d’admiration ; quelque peu surprise elle se porte à considérer avec une attention particulière les objets, les entités, l'enseignement sapiential, les pas de danses qu'elle a découverts et qui lui semblent rares et extraordinaires. Elle rentre désormais dans une certaine consubstantialité avec le divin et se sentira guérie à jamais.
Nous savons qu'au point de vue scientifique, notre cerveau sécrète, des neurotransmetteurs qui nous permettent de saisir certains phénomènes de la nature et le physique, moral et spirituel que fait l’Iboga dans la découverte de soi ouvre à de merveilleux dons en ce sens que nous pouvons dire que la conscience est un champ utile et fertile où l’intelligence et la sagesse se cultivent avec des plantes essentielles comme la philosophie, la culture, la science, la danse, la musique et l’art.
Si nous nous référons à la philosophie cartésienne «Je pense, donc je suis » : donc j’existe ! . Je suis où et comment ? Je pense à quoi ? Et où ? Et comment ? J'existe où ? Et de quelle manière ? Tout cela s’exprime dans le chant et la danse initiatique. Par rapport à la nature je suis un microcosme dans le macrocosme, j'existe négativement ou positivement par rapport à ce macrocosme, je me définie. Pour que je prenne conscience de mon existence il faut que je me reconnaisse, que je me découvre et que je sache qui je suis, où je suis, qui j’ai été, qui je serai, où je serai et encore ce que je serai.
Je pars donc de l'être atome (néophyte, mauvais danseur) à l'être sublimé (bandzi, sage, intelligent, bon danseur) tout en considérant que la danse devient dans ce sens une véritable philosophie de la vie. Et si je me connais, par analogie, je connais la cosmogonie qui me détermine et la théogonie dont je suis sujet. Je connais désormais mon lien avec l'univers avec la Grande Ame, avec l'Etre Sublimé. Je me connais physiquement et spirituellement. Je peux discerner le bien et le mal. Je connais la voie de mon destin et même celui de l'humanité. Je vis, je pense j'existe donc réellement car je suis moi-même. « ô bonghi dzam ô buneghe wa myen dan dan wa myen etam » Ce qui signifie « N'être que soi dans toute action et en tout lieu, en toute circonstance; être son libre arbitre, exorciser la peur, la peur de mourir, la peur d'être, celle d'être face à un obstacle et de pouvoir transcender »
Conclusion
On peut ainsi dire que les incantations qui sont des paroles c’est à dire des ondes, mêlées à la danse, ont une puissance mystique sur la guérison de l’homme. Car, pour le tradipraticien, la vie, c’est l’union du corps, des sens, de l’esprit et de l’âme.
Ainsi, le rite de la danse sacrée bwitiste, mêlé à la puissance du verbe, permet de partir de la double ignorance à la vérité : ignorance de soi, de l’autre, de l’Etre supérieur et des mythes et mystères qui entourent l’univers. Aller de l’identité physique à l’identité spirituelle, de l’état de néophyte à celui de sage, de la maladie à la guérison ; et sortir du gouffre de cette double ignorance par la danse n’est-ce pas là une forme de guérison ?
Cet exposé nous a permis de savoir que l’on peut restaurer sa santé, créer un état de bien être physique, moral et spirituel en passant par la thérapie de la danse qui, aujourd’hui joue un rôle de guérison très considérable dans nos sociétés africaines. La danse initiatique n’est pas la vie mais elle est au-delà de la vie, c’est la recherche systématique de dépasser la vie pour la recherche de l’Absolu. Dieu danse à travers nous, pour extirper le mal, le détruire afin de l’oublier, en nous emportant dans une extase céleste lointaine. Il nous infuse et nous instruit à tout moment et en tous lieux. Toute l’action de l’homme est d’abord conçu sur le plan de la pensée, de la réflexion et de la méditation. Le bwiti est une unité transcendantale de connaissance et de révélation où toutes les lois de la nature se joignent et convergent vers la vérité.
Le rythme dans la musique traditionnelle agit à la façon d’un médicament essentiel. Il intervient dans les rites de possession, dans le diagnostic, l’examen du malade, le traitement de la maladie, le rétablissement de la santé. Le rythme africain est une force vibratoire exceptionnelle. La danse initiatique bwitiste n’est pas une danse de superstition, mais une façon particulière et originale de voir le monde et de le transcender.
pour construire notre unité, nous devons tous profiter des séminaires, colloques et conférences sur nos cultures, afin que dans un élan commun, la conscience africaine soit bêchée, remuée, fouillée et que soit ainsi mise en évidence la richesse enfouie à travers les ages, pour que « l’os soit brisé pour en sucer la substantifique moelle ».
LA PHARMACOPEE ET LE GESTE : DANSES D’HIER ET AUJOURD’HUI
Séminaire International : Danse, Guérison et le Sacré en Afrique
Jean Ondeno Rebieno
Auteur – Compositeur – Interprète, Tradi thérapeute
Libreville, Gabon
Origine
Au commencement était l’émotion. L’émotion suscita une expression dite corporelle. De l’expression corporelle sortirent les pulsations qui elles, engendrèrent des pulsions. Les pulsions donnèrent au corps une folle envie de s’exprimer autrement que par l’usage de la parole. Puis le pied commença à battre la mesure, pour imposer une cadence. Le rythme était né. Enfin, se leva l’homme qui commença à extérioriser ses sentiments par des mouvements chorégraphiques dans l’espace. La danse était née.
Qu’est-ce que la danse ?
Apparentée aux gestes de la vie quotidienne, la danse est un moyen d’expression par lequel l’homme utilise des battements de mains, des frappements de pieds, puis enfin, des instruments pour s’accompagner afin d’exprimer des sentiments intérieurs par des mouvements dans l’espace.
Né du silence, le son serait la première chose que l’humanité ait connue avant toute existence. Le verbe étant une émanation de celui-ci. Ainsi, selon toute vraisemblance, la peur serait à l’origine du premier pas de danse exécuté inconsciemment par l’homme, pour se donner du courage face à l’inconnu et à cet environnement qui lui est hostile et qu’il ne maîtrise pas toujours.
En Afrique, la danse traditionnelle tire ses origines en général de la forêt, de la savane où l’on rencontre toutes espèces d’animaux ou d’oiseaux. Observation profonde et minutieuse faite par l’homme afin de s’identifier et imiter le comportement particulier d’un lion, d’une panthère, d’un léopard ou d’un aigle. Animaux comme les oiseaux ou ayant une agilité (singe, écureuil, etc.…) ayant une ascendance ou une domination établie sur les autres espèces,
De cette observation proviennent les premiers danseurs qui sont les acrobates, les jongleurs, les funambules,.… Puis plus tard, la danse se stabilisera, s’anoblira. En fait la danse démontrera tantôt sa fougue et sa verve, tantôt sa grâce et son élégance. Ainsi nous connaissons une multitude de danses dont certaines sont :
- Les danses guerrières
Au Gabon, les danses guerrières étaient un ensemble de mouvements thérapeutiques du corps et de l’esprit généralement rythmés et exécutés par un groupe d’individus armés et dont la chorégraphie, les chants et les slogans précédaient ou laissaient deviner un affrontement. Pour cela, les guerriers se badigeonnaient de mixtures composées d’écorces de bois rouges et noirs réduits en poudre et mélangées à d’autres recettes ayant pour but de les doper afin de faire disparaître en eux la peur et la pitié, et d’autre part les protéger, les préserver ou les immuniser contre les armes de l’adversaire. Ces recettes faites des mixtures de plantes, et parfois d’ossements pouvaient servir soit de « vaccin » pour avoir de l’agilité, soit de breuvage pour la transcendance ou encore ignorer la peur et rendre les guerriers invincibles, voire invulnérables contre les épreuves de toutes les armes (balles, sagaies, flèches, machettes…)
Il fallait pour cela une complète abstinence sexuelle afin que l’esprit du guerrier soit en parfaite harmonie avec son corps. Une alimentation stricte et rigoureuse était conseillée et la préparation de celle-ci faite uniquement par des femmes n’ayant plus de relations sexuelles ou par de grands initiés.
Les grands esprits guerriers et protecteurs de la famille, de la tribu étaient invoqués au cours de cérémonies ou rituels sacrés et secrets. Le caractère secret de tout ceci ne devait être divulgué sous aucun prétexte.
Le maquillage effrayant devait rappeler un animal féroce ou un oiseau vorace « totem » du clan, de la tribu ou de la famille.
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- Les danses funèbres
Rituel souvent exécuté au sein de sociétés secrètes du Gabon, les danses funèbres peuvent être organisées lors du décès d’un initié, ou dans une moindre mesure, lors du décès d’un jumeau ou d’une jumelle. Les rituels peuvent varier selon la société secrète dans laquelle avait été initiée la personne décédée. Dans le Bwiti « Disumba » par exemple, au cours d’un rituel bien particulier, il est donné à la personne décédée et enterrée depuis un moment, de se matérialiser et revenir auprès les initiés de sa confrérie, danser pour la dernière fois avec eux dans le corps de garde (La Mbanja), en présence de l’assistance éberluée et ébahie.
Rituel insoutenable pour certains membres de la famille, il leur est demandé néanmoins de s’abstenir de pleurer, et cela, pendant tout le temps que durera ledit rituel. Seul les grands initiés auront le droit d’approcher et même de lui demander de s’exprimer, si ces derniers le désirent.
Ce rituel rare ne se passe que la nuit et est appelé « Bwete amwenge » (deuil). Il est accompagné de battements de trois ou quatre tambours appelés « Ndungu », pour le tambour jouant les solos, tambour représentant le mari ; le « Mobenda » qui représente la femme et les deux « Misumba » représentant les deux enfants.
- Les danses initiatiques
Les danses initiatiques sont, de nos jours, un ensemble des mouvements constituant un rituel dans lequel, à travers des chants, des gestes et une chorégraphie codifiée et particulière, on fait accéder un profane à un nouveau groupe d’appartenance, en lui révélant à travers ladite chorégraphie, les rudiments de la connaissance de cette société secrète à laquelle il va désormais appartenir. Le nouvel initié est accompagné en général de son parrain et de son maître spirituel qui le guide dans ses premiers pas et enseignements par. A ce premier rituel, le nouvel initié ne comprend généralement rien de toute ce qui se dit et se fait, mais doit néanmoins non seulement être associé mais exécuter ce rituel qui est une thérapie et une forme d’acceptation de l’ensemble des traitements qu’il aurait reçus pendant son initiation.
La quasi-totalité des danses initiatiques traditionnelles du Gabon ne peuvent se faire sans l’apport du feu qui est, comme l’eau, un élément sacré et purificateur. Car, dans notre monde ésotérique, le feu est la représentation matérielle de Dieu le créateur.
- les danses courtisanes
En Afrique centrale en général et au Gabon en particulier, la chorégraphie de la femme doit refléter sa fémininité et sa grâce et, généralement, la partie postérieure de cette dernière est largement et souvent mise à contribution pour magnifier la fécondité, alors que pour l’homme, sa puissance, son agilité et sa virilité priment. Nous remarquerons qu’au cours d’une danse, tandis que la femme s’emploiera à faire bouger son postérieur, l’homme, quant à lui, cherchera toujours à simuler l contact avec la partie postérieure de la femme. Et d’ailleurs, dans certains rites initiatiques, la simulation de l’acte sexuel est présent et parfois obligatoire dans la chorégraphie des initiés qui à leur tour s’emploieront à les faire exécuter aux jeunes initié(e)s. La quasi-totalité des ethnies du Gabon ont au moins une danse courtisane, danse dont la chorégraphie exécutée par une personne se trouvant au centre du cercle et qui, après quelques pas d’exhibition va inviter une personne de sexe opposée en simulant un acte sexuel.
A l’exemple du Mabumi (Massango), Ekunda (Myènè), Malamu (Lumbu), Elone (Fang) , Ikoku (Punu) etc….ces danses dites courtisanes peuvent également avoir un caractère rituel (cérémonie des jumeaux) dans laquelle des chansons grossières sont souvent associés à une chorégraphie les expliquant. Elles peuvent être ou faire partie d’un rituel initiatique, d’un rituel faisant partie d’une danse funèbre.
Cette chorégraphie peut prendre des allures d’une danse de provocation pour une danse guerrière ou une danse de réjouissance ou profane.
- Les danses rituelles
Les danses rituelles sont en général des danses exécutées pour les circonstances particulières (jumeaux, offrandes, etc….) et dont l’ensemble des mouvements et comportements sont généralement codifiés. Ces mouvements et comportements sont fondés sur la croyance et l’efficacité de leurs effets qui peuvent souvent se répéter. Ces cérémonies rituelles peuvent se faire avec ou sans tam-tam, mais rien qu’avec des chants appropriés qui peuvent le maître des cérémonies à exhiber parfois quelques pas de danse. Chorégraphie se rapportant à une situation précise, un animal précis ou un comportement.
- Les danses profanes, danses de réjouissance et danses modernes
Les danses de réjouissance sont, en général, un ensemble de mouvements de corps généralement rythmés et cadencés, exécutés par un individu ou un ensemble d’individus, et dont la chorégraphie exécutée est libre et ne fait pas partie d’un rite particulier.
Puisées généralement dans les danses traditionnelles, les danses modernes deviennent souvent des phénomènes de société, et contribuent à exprimer un sentiment de joie, de désir de répulsion….
De nos jours, elles peuvent traduire également des contestations, des problèmes d’environnement, de pauvreté, ou dénoncer même une oppression.
A travers elles, l’homme dévoile une facette de sa personnalité. L’homme ne peut vivre sans la danse, en un mot, sans le rythme. Ce rythme qui, associé à certaines sonorités deviennent la musique, cette musique qui est notre partenaire de tous les temps et qui, sans elle, le monde n’aurait aucun sens.
QUELS APPORTS DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE AFRICAINE AUX ORGANES NATIONAUX DE SANTE ?
Séminaire International : Danse, Guérison et le Sacré en Afrique
Jérome Mba Bitome
Chercheur à l’université Omar Bongo,
Gabon
Introduction
Loin d’être élucidée ou considérée comme accessoire, la question relative concernant les apports éventuels de la médecine traditionnelle aux organismes nationaux de santé est toujours à notre avis au cœur de tout processus d’intégration ou plus exactement de toute recherche de collaboration entre le système de soins dit moderne et celui considéré dit « traditionnel ».
En effet, non seulement la nécessaire connaissance de ces divers apports devrait amener les tradi-praticiens à mieux s’exprimer face aux professionnels de la santé (médecin moderne) parce qu’ils auraient mieux maîtrisé les différents domaines qui feront l’objet de leurs apports, mais elle devrait aussi, en intégrant le processus « reflexion-action et action-reflexion », permettre, à travers de refus du passé et du présent, de progresser vers un avenir meilleur, basé sur une idéologie sanitaire pour l’Afrique qui s’appuierait sur un ensemble des valeurs, des croyances et des représentations.
C’est dans cette perspective et à la lumière du constat fait au Séminaire atelier sur la médecine traditionnelle, récemment tenu à Libreville, que nous nous proposons de tenter de dégager des principes et/ou des orientations susceptibles de garantir une collaboration harmonieuse entre les deux systèmes de soins, collaboration franche, sans concession, mais pleine de compréhension de part et d’autre et pouvant, à terme, générer des nouvelles pratiques de soins, enrichir la vision actuelle des soins, dans le souci de satisfaire et de faire bénéficier les populations, combien nécessiteuses et démunies, de leur droit à la santé.
Nous n’avons pas la prétention ici de présenter une liste d’actions de tradipraticiens, mais de susciter une profonde réflexion en proposant quelques principes et orientations en vue d’une meilleure intégration ou chacun amène son propre « produit » à travers lequel il affirme son identité culturelle et sa manière de concevoir et de représenter la vie.
Cadre de réflexion
Rappelons que le thème « médecine traditionnelle et son rôle dans le développement des services de santé en Afrique » avait été le seul à être choisi à l’unanimité parmi tous les sujets proposés à la quatrième session du comité régional de l’OMS pour l’Afrique tenue à Brazzaville en septembre 1974. Ce thème répondait aux « préoccupations des participants, soucieux de consacrer toutes les ressources disponibles ou exploitables au développement sanitaire et de mettre à contribution les guérisseurs qui ne doivent plus continuer à être considérés comme des éléments marginaux. »(1)
De plus, ce souci se justifiait non seulement par le fait que plus de 80% des populations africaines, sans distinction de sexe ni rang social, ont recours à la médecine traditionnelle, mais aussi parce que les divers problèmes de santé identifiés à cette époque (et qui malheureusement persistent avec la même intensité jusqu’aujourd’hui), ont montré que la médecine moderne, en dépit de ses découvertes spectaculaires au cours du 20ème siècle, « s’est avérée inapte à résoudre les problèmes de santé des populations rurales » (2), (même celles des bidonvilles qui ceinturent les grandes villes des pays en développement notamment en Afrique) alors que la médecine traditionnelle, pilier du patrimoine culturel africain recèle des forces potentielles capables de suppléer ou de remédier à certaines de ses insuffisances.
C’est là le point de départ de l’idée d’une intégration de la médecine traditionnelle au système national de santé.
Aperçu sur l’application de l’intégration du médecin traditionnel
Depuis lors, sous l’impulsion de l’OMS et agissant notamment dans le cadre de l’approche des soins de santé primaires définie à Alma Ata (URSS) en 1978, certains pays ont, soit amorcé le processus d’intégration en créant de nouvelles structures au sein de leur ministère de la santé (directions ou services de médecine traditionnelle) soit en favorisant les tenues locales des colloques sur la médecine traditionnelle, soit en suscitant les associations nationales des tradipracticiens, soit encore en les intégrant dans les programmes d’instituts spécialisés après avoir identifié un domaine d’intérêt précis (cancérologie, pédiatrie, dermatologie, hépatologie neurologie, obstétrique…), ou dans les programmes nationaux de santé (application de l’approche des soins de primaires).
Situation actuelle au Gabon
Au Gabon, comme dans beaucoup d’autres pays, le processus d’intégration de la médecine traditionnelle est encore à un stade embryonnaire. En effet, notre pays vient seulement d’amorcer celui-ci avec la tenue d’un premier Colloque-Atelier national sur la médecine traditionnelle organisé par le ministère de la Santé Publique du 28/11 au 1er/12/1999. Ce Séminaire a d’ailleurs été avantageusement repris et renforcé par la première conférence internationale sur le Bwiti organisé par le LUTO du 8 au 13 mai 2000, qui s’est beaucoup intéressée à l’aspect thérapeutique, notamment dans le cadre de l’initiation au Bwiti.
Ce séminaire a débouché sur certaines recommandations pertinentes dont quelques-unes ont déjà reçu un écho favorable au niveau décisionnel le plus élevé du pays (conseil des Ministres), avait un triple objectif :
- La promotion et la valorisation de la médecine traditionnelle ;
- L’encadrement technique et scientifique de la médecine traditionnelle ;
- L’adaptation d’une réglementation et le respect des règles d’éthique de cette discipline.
Tout observateur averti a pu y faire les quelques observations suivantes :
- Les objectifs reflétés par certaines recommandations, s’inscrivent dans une logique d’intégration à caractère coercitif ou le tradipraticien est « prié » de se soumettre au système des soins moderne. Cette intégration progressive et réglementée des détenteurs de la médecine traditionnelle préalablement formés aux exigences de base de la médecine moderne (asepsie, hygiène…) ne laisse-t-elle pas entrevoir, à terme, une « phagocytose » des tradithérapeutes et de leurs pratiques ?
- Les médecins et les pharmaciens qui ont conduit et marqué les débats tout au long du séminaire, n’ont fixé leur intérêt pour la médecine traditionnelle que par rapport à l’usage des plantes. Peut-on uniquement réduire la médecine traditionnelle à la phytothérapie ?
- Les professionnels de la santé se sont imposées aux tradi-praticiens comme étant pratiquement les seuls détenteurs de la connaissance médicale. Une telle attitude peut-elle garantir une franche collaboration entre les deux systèmes de soins ?
- Les tradi-praticiens ne se sont pas suffisamment exprimés face aux médecins et pharmaciens, comme s’ils étaient désormais résolus à jouer le rôle d’« auxiliaires des infirmiers auxiliaires » que l’on pouvait aisément imaginer à travers les propos et réactions des professionnels de la santé.
Ces quelques observations nous amènent à dire que les professionnels de la santé, en tant que responsables de l’organisation du Séminaire n’ont envisagé d’examiner que les dimensions de la santé relatives à la santé publique et à la promotion sociale, à la recherche scientifique et au développement économique.
En effet, la dimension relative à la santé publique et à la promotion sociale reconnaît l’urgence de mettre à la portée des populations surtout rurales, si déshéritées en matière des soins de santé, des moyens simples, faciles et peu onéreux pour protéger et améliorer leur état de santé. Les guérisseurs traditionnels, en raison de leur importance numérique et de leur influence auprès des populations, sont présents comme des « personnes ressources » que l’on pourrait intégrer dans l’équipe de santé.
La dimension scientifique s’explique par le fait que la pharmacopée africaine utilise des produits d’origine végétale, animale et minérale dont sont issus de nombreux produits chimiques pharmaceutique. Cette pharmacopée pourrait dans l’avenir contribuer à alimenter la fabrication éventuelle des produits médicamenteux.
Enfin, la dimension économique est envisagée dans la mesure où les plantes et les autres produits utilisés dans la médecine traditionnelle peuvent être employés à l’usage local et à l’exportation soit de manière artisanale, soit sous forme de produits industrialisés, ce qui permettrait de limiter l’importation de produits pharmaceutiques.
Ce sont là des idées forces qui ont permis depuis plus de trois décennies, de définir les orientations classiques de l’intégration des tradi-praticiens. Mais si elles sont pertinentes par rapport à la situation de la région, elles ne sont pas exhaustives et ne peuvent pas toujours répondre aux attentes des populations, ni envisager un avenir prometteur du médecin traditionnel africaine. Elles doivent être complétées par des idées concernant la dimension culturelle de soins.
Aussi, chaque pays doit-il chercher à comprendre les causes qui rendent la médecine moderne inapte à satisfaire les besoins en soins de santé des populations afin d’examiner dans quelle mesure la médecine traditionnelle pourrait favorablement contribuer à l’amélioration de la situation, notamment en ciblant ses actions sur les causes d’inaptitude de la médecine moderne évoquée ci dessus.
Distinction entre médecin moderne et médecin traditionnelle
L’on sait qu’en dehors des insuffisances quantitatives et qualitatives des personnels de santé, des lacunes sur les plans organisationnel et institutionnel, l’approche scientifique, base de la médecine moderne a pour caractéristique fondamentale d’isoler les éléments d’un ensemble afin de mieux les étudier ; elle ne peut donc pas rendre compte des aspects aussi complexes que les soins de santé axés sur l’individu, sur la famille et sur la communauté qui impliquent des interventions planifiées au niveau de l’environnement global.
En effet, pour le raisonnement cartésien, la maladie est nécessairement due à une cause physiopathologique matériellement vérifiable, la machine humaine étant constituée d’organes, comme toutes les autres machines, c’est à dire d’un assemblage de pièces détachées, fonctionnant chacune pour son propre compte, mais suivant une synchronisation spécifique avec d’autres pièces. L’organe malade est soigné pour lui-même, rarement au regard sur les autres organes qui l’entourent. Cette médecine a dissocié en l’homme, l’esprit considéré comme élément sain, donc exempt de toute maladie du corps, porteur de péché, de souillure, de maladies…qu’il faut soigner…il l’a aussi amputé de tout sentiment, de toutes relations et d’échanges avec l’environnement social et écologique.
La médecine traditionnelle, quant à elle, reflète sous toutes ses formes un mode de vie, un mode de pensée, une culture spécifique, une facette de la culture et du patrimoine religieux africains. Elle considère la maladie comme liée directement et indirectement à des facteurs non organiques qui peuvent être rarement visibles (parasites intestinaux) mais le plus souvent invisibles. Ils sont introduits dans l’organisme par des êtres antropomorphisés. Mais la maladie est aussi la résultante d’un déséquilibre entre l’homme et son milieu. Celui-ci comprend quatre pôles essentiels :
- Le pôle phylogénétique (pôle majeur) qui comprend la relation entre l’homme et les ancêtres derrière lequel il faut entrevoir la notion de Dieu (relation phylogénétique)
- Le pôle ontogénétique qui comprend la relation entre l’homme et sa famille (relation ontogénétique)
- Le pôle socio-communautaire qui comprend la relation entre l’homme et la communauté (relation communautaire).
- Le pôle environnemental qui lie l’homme au divers éléments de la nature et de l’écosystème (air, eau forêt, faune, flore, relation environnementale).
C’est-à-dire que pour la médecine traditionnelle la maladie peut siéger ailleurs que dans les organes et qu’il importe de regarder au-delà du corps pour apprécier la notion de santé-maladie.
Comment comprendre et identifier cet « Ailleurs » où peut encore siéger la maladie ?
Quel est cet « Au-delà » du corps qui peut aider à apprécier d’une autre manière la notion de santé-maladie ?
Les quelques idées et interrogations ci-dessus nous amènent à dire qu’il est indispensable de chercher à étudier la médecine traditionnelle en tant que partie d’une culture qui a sa dynamique, son histoire, ses valeurs, ses représentations et ses croyances. Car il n’est pas possible de parler de santé ou de soins sans chercher à comprendre la représentation que l’on se fait de l’homme dans la société en question. Tous les grands théoriciens des soins à l’exemple de Martha Rogers, Imogène King, Hildegarde Peplau, Nightingale, pour ne citer que ceux là, ont justement défini leurs modèles de soins à partir de la conception de l’homme qui prévalait dans leur milieu social.
Dès lors, il ne s’agit plus simplement de former les tradi-praticiens aux techniques d’asepsie et d’hygiène pour pouvoir les intégrer comme des simples agents de l’équipe de santé, mais de leur permettre de nous montrer ce qui va constituer concrètement le pourquoi et le comment de leur apport. Ce n’est que dans cette optique qu’i est possible d’examiner les modalités d’intégration de cet apport dans le processus actuel de soins de santé.
Préalables pour une meilleure identification des apports de la médecine traditionnelle
Ces préalables concernent la connaissance de la culture des membres qui doivent bénéficier des soins de santé. Mais la culture d’une communauté, d’un peuple ne peut être mieux étudiée qu’à travers l’homme, être vivant à la fois biologique, psychologique, socio-spirituel et lignagé, sans dissociation possible, et ayant une évolution double biologique et socioculturelle et soumis à toutes les influences complexes et interdépendantes – être de sang en ce sens qu’il est toujours émerveillé et attiré pour l’inexplicable, le sacré.
Pour l’homme africain en général et gabonais en particulier, le concept de santé, qui ne diffère pas de celui de vie, est compris dans un même univers humain spécifié par une communauté d’appartenance où interagit dans une constitution grandiose :
- Un ensemble de valeurs culturelles fondamentales ;
- Les dispositions juridiques manifestant les règles de coexistence communautaire ;
- La structure fondamentale des hiérarchies ;
- La conception et la représentation de la vie, de la naissance, de la procréation, de la mort ainsi que les procédures rituelles qui les prennent en charge, bref toutes les expériences, croyances et pratiques socioculturelles qui constituent un vaste réseau de significations humaines intimement liées entre elles dans un même horizon anthropologique.
Ce sont ces relations intrinsèques, inhérentes aux divers aspects d’expression d’une communauté humaine qui imposent une orientation épistémologique de la communauté humaine, dans les limites de son propre horizon de sens. Le but de cet horizon de sens est axé autour et sur une problématique unique : l’homme dans son milieu social et écologique.
C’est-à-dire que pour comprendre les problèmes de santé-maladie et de soins des gabonais, il faut d’abord comprendre en profondeur l’homme gabonais dans la stricte mesure ou nous comprenons la nécessité de l’impliquer comme co-partenaire à part entière dans la prise en charge des problèmes de santé.
Dès lors, l’intérêt de la recherche et des connaissances fondamentales en matière de santé-maladie devient indispensable d’autant plus qu’il est apparu au fil des années d’expérience de terrain que les seule connaissances biologiques (issues de la science) si performantes soient-elles devenues, ne suffisent plus à la réalisation concrète de programmes de santé publique.
Si les sciences sociales et humaines deviennent des partenaires nécessaires à la santé, la médecine traditionnelle et les tradi-praticiens constituent en Afrique, une réalité socioculturelle de fait. Intégrer cette donnée fondamentale c’est non seulement rechercher une meilleure intelligence de nous-mêmes, mais aussi une meilleure connaissance de l’homme africain. Celle-ci passe par une étude approfondie et indispensable des pratiques et de l’expérience de tradi-praticiens afin de mieux cerner, à partir des différents processus de soins (danse, parole, musique, invocation, sacré…), les aspects qui, en raison de leur pertinence et de leur innovation peuvent susciter, dans le processus des soins de santé, les différents apports de la médecine traditionnelle d’ordre pharmacologique, sociologique, psychologique, anthropologique, relationnel et médicinal.
Conclusion
L’on peut donc dire qu’une intégration méthodique selon l’esprit ci-dessus devrait déboucher soit sur l’élaboration possible d’une théorie de la personnalité africaine, soit sur une nouvelle vision du processus santé-maladie fondé sur un ensemble de valeurs, de croyances et de pratiques propres aux cultures africaines, mais surtout sur une sélection méthodologique des techniques traditionnelles appropriées pouvant à terme générer des techniques alternatives de soins. Il convient à cet effet que les tradi-praticiens acceptent de mieux s’ouvrir non pas seulement aux professionnels de la santé mais aussi aux professionnels des sciences sociales et humaines. Cela nécessiterait de mettre en place une structure interdisciplinaire qui constituerait le lieu de rencontre périodique entre les tradi-praticiens et les chercheurs en sciences sociales et humaines. Cette structure permettrait d’allier la pratique du terrain qui devrait être réalisée avec la contribution de tradi-praticiens reconnus, à la perspective théorique d’ensemble défini d’un commun accord par les chercheurs.
C’est un tel cadre qui pourrait ainsi analyser concrètement, selon des normes scientifiques, les effets d’ordre sociologique, anthropologique, physiologique, psychologique et relationnel des actes qui caractérisent les différents rituels et gestes liés à la pratique traditionnelle des soins ainsi que leurs conséquences positives ou négatives sur la personnalité considérée à partir de la représentation propre aux sociétés gabonaises.
Ce cadre pourrait plus concrètement contribuer à l’étude exhaustive de la danse, c’est à dire prendre en compte diverses dimensions : thérapeutique, artistique, sociologique, relationnelle, économique, religieuse, psychologique… afin de l’intégrer dans le cadre plus global du développement socio-économique national.
Ceci nous amène, dans le cadre précis de ce Séminaire, à dire qu’il convient de créer une structure plus vaste au sein de laquelle interviendrait respectivement le CICIBA, le Ministère de la Culture, le Ministère du Plan, le Ministère de la Santé, afin de susciter une politique nationale de la danse, qui introduirait l’homme africain dans la réalité subtile de l’univers et, par conséquent, contribuer à des niveaux différents au développement de notre pays.